(Imagem: www.palmyre-equimage.blogspot.com) |
Emmanuel P. Taitre arrive à la boulangerie:
- Deux saucisses du Rhin pour mon chien et un camembert pour ma souris.
- Vous vous moquez de moi, monsieur, répond une voix féminine de derrière le
comptoir.
- Pas du tout. Je suis Jesus Emmanuel P. Taitre, je suis venu au monde pour
désennuyer.
- “De” quoi?
- C’est pas “D”, c’est “P”, comme “perroquet”.
- Vous êtes fou, monsieur!
- Je m’en doutais. C’est où, l’hippodrome?
- L'Hippodrome des Fortunés? Allez tout droit, vous y arriverez en deux jours.
C’est dimanche matin, M. P. Taitre s’addresse aux Fortunés, dont Il n’est pas
membre. La boulangerie juive fut un accident, ces employés ont la guêle. Son
petit-déjeuner, il finit par le prendre sous les arbres de la Place Chabel.
Vous connaissez, non? C’est près du Centre Malabille, Rue du Tort, on prend à
gauche, métro Soupoutre, à deux pas du stand de la bière Saint-Omel.
Emmanuel montre ses papiers:
- Je viens de Mars, mais je suis naturalisé.
Le gardien le comprend d’un coup. D’autant plus qu’il le laisse passer avec un
“Bon pari, M. l’Evèque!”
C’est parce que mon prénom est Jesus, pense-t-il. Ça ouvre des portes, comme un
tire-bouchon. Au menu, rien de spécial, sauf cette salade à la peau d’ananas,
ces soushis froids et ce couscous d’outre-Sahara. Monsieur s’assoit et
commande:
- Deux demis et deux complets, s’il vous plaît.
- En liquide, monsieur. Et en avance! On ferme dès que les courses commencent.
- Mais, ma commande...?
- Vous en avez pour un quart d’heure.
- Un appéritif, alors. Avez-vous du Feu Latin?
- Le “Fuego Del Diabo”? Et ben, oui.
- Une bouteille et un verre, alors.
- Excusez-moi: Vous buvez seul?
- Comme un héros de Hollywood. Maintenant, dépêchez-vous!
Emmanuel a vraiment soif car Il défonce la bouteille à moitié en dix minutes.
Il lui en reste cinq, alors, au couscous! Puis, l’addition sur la serviette
écossaise, un gros pourboire:
- Le guichet des paris?
- À droite.
Les dames élégantes le repoussent du regard. Sous l’effet incontournable du
“Fuego Del Diablo”, Il finit par choisir un cheval nommé Katastrophique, qui
paye 30/1. “Ça m’arrangera pendant un mois”, pense-t-il. Du haut des gradins il
voit partir les mustangs, Katastrophique traîne loin derrière. Ça se voit sans
jumelles, l’espoir du pauvre Jesus s’envole comme les grains de sable de la
piste. Il se lève pour partir et c’est quand un cris lui souffle sur les
épaules:
- Oooh!
Au dernier virage, un spectaculaire carambolage équin met par terre la première
ligne de la course. Des pattes trébuchent en l’air, les jockeys tentent
désespérément de redresser leurs montures – et voilà Katastrophique qui passse
au beau trot!
Le locuter faut avaler le micro:
- Un, deux... mais c’est incroyable... Katastrophique arrive premier!
Tout payé en liquide et on retrouve M. Jesus Emmanuel P. Taitre à la sortie de
l'hippodrome, les poches bourrées de sous. Je vais tenir bon, pense-t-il, comme
ça mon petit chien Mollusque aura des saucisses du Rhin et ma douce
souris Izabelle pourra grossir au camembert.
- Y
a-t-il une charcuterie dans le coin?
©
Abrão Brito Lacerda
22 03 15
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